C’est un projet qui est né quand j’ai déménagé de Bruxelles, à Andenne où je me suis retrouvé tout à coup avec la possibilité de créer un atelier de toutes pièces. C’est un atelier qui réunissait deux de mes passions : d’une part le dessin pour mon boulot et d’autre part l’aquariophilie. Comme j’aime bien créer des espaces, ces deux fonctions mises ensemble ont apporté des idées, des excitations et une cohérence dans mon univers. En avançant dans la réalisation concrète de cet atelier, j’ai eu envie d’ouvrir cela au public parce que je trouvais que faire autant d’efforts pour moi tout seul, cela n’avait pas beaucoup de sens. J’ai cette habitude de faire des choses et de les partager avec un public. Comme avec Broussaille, qui est peu un alter-ego, il y a toujours eu cette projection personnelle dans mon travail, ce lien avec le lecteur qui fait que j’ai eu envie de continuer avec l’atelier. Et de fil en aiguille, cette réflexion parfois très conceptuelle et parfois très pratique a donné naissance à un projet qui a muté à plusieurs moments. J’avais d’abord plusieurs propositions sur le site de l’Atelier, sur le terrain où j’habite et puis le projet est devenu un peu plus important. On a été trouvé la commune pour demander si elle n’avait pas d’autres terrains et si elle n’était pas intéressée par le projet. J’avais émis une idée dingue, qui me faisait rêver : trouver une ancienne carrière abandonnée, parce que dans cette région-là il y a plein de carrières avec des pierres et des rochers formidables, et y implanter ce lieu de travail, ce lieu d’exposition dans un cadre physique très fort, pour lui donner une ampleur, une résonance. Ce fut un saut très important, une mutation intéressante. La commune m’a trouvé deux sites que j’ai étudiés, sur lesquels j’ai travaillé en faisant des plans et tout le développement qu’un projet comme celui-ci implique. Malheureusement, au fil des années, ce projet-là n’a pas pu se faire. Je ne vais pas en raconter tous les détails maintenant parce que c’est un peu long, et que de toute façon cette ligne-là est abandonnée et on en a commencé une autre. Un autre terrain s’est présenté à nous, qui n’est pas une carrière, mais qui a d’autres avantages et là, cela se passe très bien. J’ai trouvé ce terrain-là début 2018 et en 9 ou 10 mois on a fait vraiment beaucoup de chemin. On en est maintenant à avoir une équipe beaucoup plus étoffée et plus professionnelle qu’au départ et on a lancé l’étude de faisabilité. Là, on est mi-octobre 2018, donc cette étude est lancée par un gros bureau professionnel et on aura le résultat au début de janvier-février 2019. Cette étude-là nous permettra d’aller démarcher auprès des investisseurs et une fois qu’on aura les fonds, on pourra faire le développement définitif du projet. C’est en très bonne voie. Tous les feux sont pour l’instant au vert ou à l’orange, il faut attendre certaines autorisations et développements administratifs mais c’est normal. Ce projet, depuis le changement de site, avance très bien. C’est un énorme challenge évidemment, puisque l’Animalium qui combine parc animalier et site d’attraction autour de l’art animalier, est un projet qui est tout à fait original. Cela n’a jamais été fait. Je connais beaucoup de parcs animaliers et je connais l’un ou l’autre rare lieu où l’on s’occupe de l’art animalier, mais les deux, ensemble, je ne l’’ai jamais vu nulle part. C’est justement la rencontre de ces deux choses-là qui est intéressante parce que c’est le vrai sujet. C’est par la mise en scène, la scénographie et le parcours que l’on va mettre sur pied la vraie personnalité du projet. C’est là que tout se joue. Ce n’est pas juste une addition des deux domaines, c’est la conjugaison de ces deux domaines. Et comme souvent avec les projets qui sont transversaux, où on a fait se regrouper les deux projets qui n’ont rien à voir ensemble, c’est là que l’on trouve des idées neuves. On trouve une énergie, un enthousiasme et une attractivité qui sont originaux. En plus c’est très moderne. On a beaucoup de projets qui sont transversaux, y compris en industrie et en sciences, et c’est là que l’on peut encore découvrir des nouvelles veines de création. Tout comme un jour la BD avec la rencontre du dessin et du texte ont produit un art nouveau, comme le cinéma a été produit à un moment grâce à une avancée technique et l’idée de quelques-uns de raconter des histoires avec cette avancée. Donc, c’est toujours ce démarrage-là. On ne voit pas toujours l’intérêt au début. Cela ne saute pas aux yeux, mais tout à coup il y a un déclic, il y a quelque chose de formidable, qui explose. L’Animalium, c’est un peu cela pour moi. Dans l’Animalium je veux rendre l’art animalier, le dessin, la peinture et la sculpture, vivants, non seulement par la présence d’artistes sur place mais aussi par le multimédia. Je ne peux pas avoir un artiste en permanence qui va travailler, donc il y aura beaucoup de multimédia. J’ai commencé toute une réflexion avec d’autres sur comment présenter au public ce ‘work in progress’. Cela débouche sur des choses très intéressantes parce qu’on est toujours entre le vivant et la retranscription, entre le factuel et l’histoire. On est dans ce grand bain de plusieurs arts, des sciences et de la narration. On a beaucoup touillé dans ce grand bain jusqu’à présent, littérature, illustration, bande dessinée, cinéma, théâtre mais il y a peut-être encore des veines à découvrir notamment grâce au multimédia et à l’informatique et tout ce développement autour de l’image virtuelle. Voilà un sacré programme, parce que les animaux et l’art animalier sont déjà deux énormes domaines. Quand on voit le travail ! Il est déjà difficile de gérer un parc animalier. Si je voulais créer rien que ça, cela serait déjà énorme parce que le monde actuel est de plus en plus exigeant par rapport à ce genre de projet, à cause des règlements, de la sécurité, du bien-être animal, des syndicats. Il y a toute une série de choses qui sont de plus en plus boulonnées et qui rendent ce genre d’activité limité. Mettre des animaux sauvages au cœur des sociétés humaines très structurées, c’est compliqué et si en plus on y met d’autres domaines et que l’on veut faire quelque chose qui n’a jamais été fait, là cela devient encore plus compliqué. Mais on y arrive jusqu’à présent, parce que justement, on se rend compte que c’est nouveau, que cela apporte plein de choses excitantes. Tous les gens que l’on rencontre, qui peuvent jouer un rôle dans ce projet et qui perçoivent cette nouveauté se joignent à cette énergie nouvelle. C’est un très bon signe évidemment. Quand on ouvrira les portes, il faudra que l’on prenne cette énergie nouvelle et qu’on fasse participer le public à cet enthousiasme. Il faudra pouvoir compter sur le bouche-à-oreille pour que le projet démarre. En principe, à la toute grosse louche, le projet ne sera viable qu’avec un minimum de 100.000 personnes par an. Cela met quand même la pression.
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