Little Némo, je le connaissais depuis longtemps. Je l’ai découvert avant Saint-Luc, je pense, dans les années 70. C’était chez Pepperland, la première grande librairie de bandes dessinées spécialisée à Bruxelles, rue de Namur, que j’ai découvert une réédition. Je crois que c’était les éditions Horay. Ils avaient fait un gros bouquin en noir et blanc, assez mal imprimé. Mais à l’époque, cela m’a permis de découvrir ces planches-là. Je crois que j’avais acheté le bouquin. Et puis je me rappelle d’avoir revu ce même bouquin sur les bancs de Saint-Luc, au cours de composition, et en avoir parlé avec les copains. C’était évidemment déjà pour nous, jeunes dessinateurs, un boulot très impressionnant et inspirant, développant beaucoup l’imaginaire. En même temps, pour moi qui cherchais encore plein d’influences à l’époque, ça me semblait très éloigné de mes préoccupations parce que le style me semblait un peu raide, un peu vieilli évidemment puisque cela datait de quelques décennies, et puis la lisibilité n’y était pas. J’étais incapable de vraiment lire ça parce que c’était très mal lettré, en tout cas dans cette édition-là. Certes, l’édition originale en anglais était déjà relativement mal lettrée. Je reconnaissais les grandes qualités du truc, mais cela n’avait pas un grand intérêt pour moi. Ce n’est que beaucoup plus tard que je me suis repenché dessus, parce que comme tous les grands classiques, ça revient au milieu de la table régulièrement. On y rejette un œil, on se dit que c’est quand même fort. Qu’est-ce qui est si bon là-dedans ? J’ai pu voir des originaux aussi. Puis un jour c’est Bernard Mahé, de la Galerie 9ème art à Paris avec laquelle je travaille régulièrement, qui m’a proposé d’une manière très ludique de dessiner deux pages pour le plaisir, pour lui. Il faut savoir que c’est un grand amateur de Little Némo et qu’il organise régulièrement des expo avec des originaux pour des musées. J’ai donc fait ça d’une manière tout à fait candide. Ça m’a forcé à me replonger encore une fois dans l’œuvre de McCay et de voir là, à quel point c’était formidable, à quel point, il y avait un terrain de jeu magnifique. Quand Bernard m’a ensuite proposé de continuer et de faire encore des pages pour un projet de bouquin, j’ai continué à dire oui. Mais je me suis dit que j’allais tout de même relire McCay et prendre la chose un peu plus sérieusement, car au début c’était par pur plaisir. J’ai donc dû réfléchir à comment faire, en 2014, un travail moderne sur cet univers-là, en sachant que Little Némo avait déjà été exploré et réinvesti par un bon nombre d’auteurs dont Moebius, qui n’est pas des moindres, dont Giardino avec son splendide Little Ego et toute une série d’hommages. Il y a un énorme bouquin, publié récemment aux États-Unis, qui compile plein d’hommages d’auteurs américains. Il y a aussi une reprise très récente de deux auteurs américains connus qui ont fait tout un gros bouquin sur Little Némo à l’américaine de maintenant. Il est très impressionnant sur le plan graphique. Bref, il fallait que je trouve mon angle d’attaque avant de continuer. Ce que j’ai fait, et ce qui a donné les deux tomes de luxe chez Toth édition et qui va bientôt donner l’édition grand public chez Dupuis, en attendant les tome 3 et 4 chez Toth.
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