C’est une énorme question, parce que plus qu’un amour pour la nature, c’est un amour pour les animaux très simplement. Je suis éternellement attiré par la forme animale, plus que par l’écologie par exemple ou la protection de la nature qui sont des grands sujets, bien entendu, mais qui sont moins ma passion que le travail sur la forme. On va retrouver cela au cœur de l’Animalium. L’origine de cette passion, c’est que quand j’étais tout petit, l’animal pour moi était un refuge. Cela n’a rien d’original. Tous les enfants ont des ours en peluche dans leur lit. Ils ont tous envie d’essayer un poney, ou de tendre leurs bras vers une vache dans un pré, ou vers un cheval ou un ours. Pourquoi ? Parce qu’il y a quelque chose qui se reconnaît entre l’animal et l’enfant. L’animal qui est dans l’enfant, l’enfant qui est dans l’animal. L’animal qui reconnaît aussi quelque chose qui est plus proche de lui qu’un être humain adulte. Tout cela fait des va-et-vient. Pourquoi est-ce que cela m’a plus marqué moi que d’autres ? Je ne sais pas. Je pense que j’étais là comme pour beaucoup d’enfants. Là, on est dans le mystère des origines. Cela s’est confirmé et puis s’est construit d’étape en étape, c’est-à-dire des expériences tout à fait banales ont pour moi été structurelles. Elles ont mis des choses très fortes en place. Je me rappelle que ma mère m’avait amené voir le Cirque Royal. J’étais vraiment tout petit. Nous rentrions du centre de Bruxelles. A l’époque mes parents habitaient Saint-Josse-ten-Noode et nous devions monter du côté du Botanique pour rentrer à la maison après les courses quand ma mère s’était arrêtée au Cirque Royal, où se tenait un cirque. Elle m’avait emmené voir la ménagerie du cirque, parce qu’avec les mômes, on va voir les animaux. Je crois que c’est la première fois que je voyais des animaux de si près. J’étais plus terrorisé que ravi. Je me rappelle de cette trompe qui se ramenait vers moi, énorme, un truc monstrueux. Cela m’avait vraiment terrorisé. Cette image est encore gravée dans ma mémoire. C’est une expérience d’une totale banalité. Tous les petits enfants vivent cela au contact d’un gros animal. Mais moi, cela m’est resté et il y a plein de choses qui se sont construites autour de cela. En tant qu’enfant, adolescent, jeune adulte, adulte confirmé, vieil homme, vieillard je continue à tourner inlassablement autour de ces trucs-là parce que cela continue à me parler, à m’enrichir, à m’intéresser, à plein de titres différents évidemment. Bien sûr, ce qui m’intéressait à 17 ans n’était pas la même chose que ce qui m’intéresse à 62 ans. Mais il y a toujours matière à faire. C’est un « work in progress », un travail continu sur le mystérieux, sur l’insondable. C’est aussi un questionnement sur soi-même, parce que l’animal est aussi un miroir. Qu’est-ce qu’il nous renvoie ? Ce sont les psy qui nous disent que quand on est attiré par quelque chose, qu’on trouve tellement d’expériences dans un domaine, cela nous parle de nous. Il y a en nous quelque chose qui vibre et qui nous appelle. Pour moi, l’animal est un miroir formidable. Il est d’une richesse énorme. Il a une multitude de formes et de comportements. De plus, la profondeur du mystère qui est dans l’animal est incroyable. Il est sur terre depuis bien plus longtemps que nous et quand je regarde un crocodile dans les yeux, ce que j’ai la chance de pouvoir faire à tous les petits déjeuners, j’ai devant moi des millions d’années d’histoire de la terre sous une forme vivante, et qui sont bien plus vieilles que la naissance de l’homme. C’est extraordinaire. Qu’est-ce que cela me dit de la vie sur Terre ? Qu’est-ce que cela me dit de mon comportement en tant qu’espèce très récente sur la planète, à travers son regard à lui ? Ce sont des questionnements fabuleux, fondamentaux et intemporels. Et, parce que j’ai ce métier-là de relation avec un public, je peux apporter ces bonnes questions, qui sont de mon point de vue des choses fondamentales, aux lecteurs. Dans notre métier on se voit revenir au fondamental, tout le temps.
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