En sculpture, je me sens avant tout comme un débutant, un novice parce que je n’ai pas de technique. J’ai bien fait quelques années d’académie, mais je n’ai pas vraiment appris les grandes techniques. Contrairement au dessin, il arrive souvent que je souffre énormément au moment de faire un modelage. Ce qui veut dire que je cherche. Je cherche mon chemin. Je cherche mon style. Je cherche beaucoup de choses à la fois. La sculpture a ceci de particulier que quand on fait quelque chose, c’est extrêmement dense. C’est une pièce avec trois dimensions, qui va avoir un résultat très lourd et qui va traverser les siècles parce que c’est en bronze. C’est donc une démarche assez impressionnante. Pour chercher la maîtrise, j’ai décidé de faire comme ce que j’avais fait en dessin et qui me réussit, c’est à dire explorer plusieurs pistes différentes successivement pour me trouver petit à petit. Une piste va me donner certaines clés. Une autre va m’y faire renoncer parce que cela ne me convient pas. Et une troisième va m’ouvrir des portes formidables. Avec toutes ces expériences je vais finalement trouver, j’espère, quelque chose qui me correspond de plus en plus et qui me rendra finalement libre. C’est ça le but : c’est de ne plus penser à la technique, au style et tout ça et de faire librement ce qu’on ressent. Pour l’instant j’en suis encore un peu éloigné, pas tout le temps mais souvent. Pour ce qui est des pistes explorées jusqu’à présent, j’étais effectivement assez réaliste au départ et puis j’ai voulu être un peu expressionniste, un peu plus moderne et formel. J’ai voulu chercher des choses dans la matière. C’est pour ça que les pièces suivantes ont cette rugosité que n’avaient pas les premières. Et je pense que par la suite cela va s’apaiser parce que ça aura été trop loin. Il y a des pièces maintenant que j’ai un peu de mal à reregarder parce que j’ai été trop loin. Mais je pense que c’est un chemin normal quand on cherche. Il faut faire des expériences. Il n’y a rien à faire.