Pour Andenne, c’était assez grand, autour des 17 mètres. A Blois j’ai réduit le format à 8 mètres, parce que il y avait des limites. A Andenne, c’était trop. J’étais sur les rotules et je n’avais même pas pu tout à fait terminer. J’ai donc réduit à Blois et cela a fonctionné. J’ai pu faire les 8 mètres en 2 jours. De fresque en fresque, j’ai vu qu’il y avait un problème : c’est que beaucoup de festivals n’avaient pas le budget pour me payer. Je mouillais vraiment ma chemise, bien plus qu’en dédicace. Je trouvais que ce n’était pas juste de faire un gros boulot comme cela, professionnel, éreintant pour les beaux yeux la princesse. Dédicace passe encore, mais on se rend compte de plus en plus qu’on est exploité. Mais là, sur les fresques, je voulais quand même le grand format, je voulais être rémunéré même symboliquement. Beaucoup de festivals me disaient donc : « nous n’avons pas les moyens. » Du coup je ne pouvais pas y aller parce que je n’avais pas à faire des dédicaces. C’est un peu con. Et puis le deuxième souci, c’est que parfois les festivals n’avaient tout simplement pas la place de dégager 8 mètres sous leur tente. J’ai donc commencé à proposer des animations avec des grands dessins contenant un seul animal au format d’un mètre carré. Un chevalet, une planche, des bouts de papier qui défilent et là je pouvais faire 4, 5, 6 parfois 8 dessins sur la journée et voir les gens avec le plaisir du dessin en train de se faire. Parfois, ils viennent vers moi en me disant : « Que va devenir ce dessin après ? ». On en discute et c’est comme cela que j’ai rentabilisé ma présence sur les festivals, en vendant les dessins pas chers du tout pour un original de cette taille. Pendant un moment j’ai monté mes prix parce que les galeristes commençaient à tirer la tête. Ce n’était pas assez cher par rapport à ce que je vendais comme illustrations. Puis j’ai vu qu’il y avait un seuil où les dessins ne partaient plus du tout, parce que on ne se balade pas en salon de bd avec de l’argent en poche. Cela ne marchait donc plus. J’ai trouvé une sorte de moyenne, qui est toujours assez basse mais qui est montée un peu. Quand je fais des grands dessins comme actuellement, je continue à les vendre. Parfois je ne les vends pas, parfois je les vends bien, tout dépend. Mais j’en fais de moins en moins. J’essaie quand même de faire des grandes fresques parce que c’est ce qui m’intéresse le plus, et parce que c’est plus challengeant, plus sportif, plus intéressant. Pour reparler du format, le plus grand que j’ai fait c’était 23 mètres aux grottes de Han sur 2,50m de haut, ce qui est quand même très haut. Là, j’avais demandé de faire 13 panneaux, qui étaient sur un axe pivotant pour la partie la plus haute que je ne pouvais pas atteindre, puisque en étant debout, le plus haut que je puisse atteindre c’est 2 mètres. Là, je pivotais le panneau et je continuais le dessin, la verticale étant devenue l’horizontale, et puis je remettais le panneau droit et je faisais le panneau suivant. Donc, ce qui fait qu’à un certain moment de la fresque, tous les panneaux étaient de guingois. Quand j’ai remis tous les panneaux bien droits, les uns à côté des autres, tout était raccord et une kyrielle d’animaux continuaient d’aller d’un bout à l’autre. Voilà pour la plus grande. Je pense que je ne referai plus un truc pareil. C’était une folie. C’était tellement grand que j’ai dû le faire du matin au soir sur 4 jours C’est un peu comme si j’étais sur scène pendant 4 jours. C’est de trop. Si je veux garder quelques terminaisons nerveuses pour mes vieux jours, je ne dois plus faire cela.