Ce furent des rencontres exceptionnelles, ces fresques-là. Je crois que je l’ai fait avec Laurent Verron deux ou trois fois, Guerra, Olivier Martin et Jordi Lafevre. C’était chaque fois des moments particuliers. Ce sont chaque fois des auteurs qui sont des amis, dont j’apprécie beaucoup la personnalité et le travail. Laurent Verron est un grand dessinateur animalier. Guerra est un énorme dessinateur tout court, pas encore reconnu à sa juste valeur, et ce fut une rencontre magique pour moi. C’est un frère du dessin magnifique. Olivier Martin est aussi un très bon dessinateur d’animaux, qui a les mêmes intérêts que moi concernant les parcs animaliers et qui a déjà toute une expérience avec les zoos et les Musées d’Histoire Naturelle. C’est un homme délicieux. Dessiner avec lui est formidable. Avec Jordi Lafevre, nous nous sommes retrouvés à Los Angeles. Nous étions invités tous les deux dans ce tourbillon improbable et le pauvre Jordi était là pour participer aux tables rondes et pour dédicacer un peu ses bouquins. Moi, j’étais sur ma fresque et j’ai trouvé cela un peu injuste parce que c’est aussi un homme d’énorme talent. Le grand format ne lui fait pas peur mais il n’avait pas sa place. Ce n’était pas possible de le faire ensemble à Los Angeles. À Solliès en 2018, je me suis dit qu’on pourrait faire un truc à deux. J’ai sauté sur l’occasion et le lui ai proposé. C’était juste un petit tour de piste d’essai, sans ambition et très rapide. J’espère que cela se représentera. J’aime beaucoup ces collaborations parce que c’est l’occasion de tester, de prolonger une rencontre humaine sur le papier. C’est une chose magnifique, mais en même temps très difficile à faire parce qu’il faut le faire de manière très mesurée. Il faut que les styles s’accordent, que l’idée tienne la route et plein de trucs. La vitesse d’exécution doit également être à peu près la même pour l’un et pour l’autre, or moi, j’ai maintenant beaucoup d’expérience et les autres pas trop pour ce format-là. Il y a beaucoup de dessinateurs qui sont excellents mais qui ne sont pas capables de dessiner en grand. Bref, il y a toute une série de limites à cet exercice-là. Je crois que je vais continuer, mais cela ne va pas devenir systématique. Être seul dans la maîtrise d’un grand format, c’est quand même une garantie de réussite plus grande que quand on est à plusieurs. Sinon cela tournerait vite en une de ces émissions des années 80 où un dessin était commencé par un auteur et puis continué par un autre. C’était souvent dans le registre du gag et pas un vrai dessin. Ce sont des choses très chaotiques, voir du cadavre exquis. Il y en a un qui commence, l’autre qui continue. Cela donne des choses surréalistes. C’est rigolo, mais ici avec ce travail ce n’est pas le but d’être rigolo. Pour moi le but ultime c’est d’être poétique, c’est d’être “waouh”, c’est de faire un vrai spectacle de dessin.
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